Des petites remarques désagréables, des sourires en coin, de l’indifférence ; des invitations distribuées devant tout le groupe à la plupart des personnes, sauf à certain(e)s ; des agressions plus spectaculaires, comme des attaques physiques ou verbales : quand on subit trop souvent cela au travail, en tant qu’adultes, on commence à admettre, actuellement, que ce n’est pas normal.
Le harcèlement commence à être reconnu à l’école, dans un collège ou au lycée. Mais l’on peine encore à en mesurer tout l’impact. On trouve malheureusement encore l’idée que l’on doit « faire avec », que ce sont des « passages difficiles » normaux et, surtout, obligatoires. Que les parents « surréagissent »… Ces idées demeurent sans doute parce qu’on ne sait pas comment changer ces situations.
Ne pas remplacer une humiliation par une autre
Certain.e.s élèves hésitent à demander de l’aide. Parfois, c’est parce qu’ils n’ont pas envie d’aggraver la situation. En effet, certaines interventions peuvent polariser la situation et dresser les élèves les uns contre les autres, obliger certains à prendre parti d’un côté ou d’un autre, et humilier les humiliateurs, ce qui ne fait que renverser la situation, sans l’assainir.
Une élève me raconte : « Après que j’avais parlé des remarques que je subissais sans cesse dans ma classe, un professeur m’a demandé de désigner, en classe, les élèves qui m’embêtaient. J’étais tétanisée. Je ne voulais pas leur faire de mal, ce n’était pas mon but. Je voulais juste qu’ils arrêtent de me faire du mal à moi. Alors ce sont mes amis qui les ont désignés. Et du coup, la classe s’est divisée en deux : ceux qui étaient « pour » les autres, et ceux qui étaient « contre ». Je me sentais très mal. »
Une tentative de sortir de cette polarisation a été proposée par un psychologue suédois, Anatol Pikas. Même l’Education Nationale en France en parle, vous pouvez découvrir cela sur son site : https://www.reseau-canope.fr/embed/climatscolaire/la-methode-de-la-preoccupation-partagee_14831
Au lieu des mots « harceleurs » et « victimes », vous remarquerez que les autrices de la vidéo utilisent « intimidateurs/ tourmenteurs » et « cible », ce qui enferme moins dans l’idée, plus dramatique, de « harcèlement ». D’autre part, l’idée d’un temps court pour les entretiens entre les élèves et l’adulte peut mieux correspondre au rythme de vie des enfants, et leur permettre, à leur tour, de ne pas se sentir « harcelés » (par les adultes).
Eviter la confrontation, rechercher la coopération
Voici une présentation de la même méthode en anglais (pour l’Irlande du Nord) : The Method Of Shared Concern (Pikas)
Une autre vidéo en anglais (d’Australie), avec des précisions : https://www.youtube.com/watch?v=E7Fj7Cmqz-A. Les auteurs de la vidéo insistent sur le fait d’être assis côte à côte pour éviter le face à face lors des entretiens avec les enfants – face à face qui peut être vécu comme une confrontation. Pour certains élèves, en effet, une confrontation peut renforcer des situations d’intimidation et de rapports de force qu’ils sont habitués à vivre dans leur famille, ou qu’ils ont vécues à l’école avec certains enseignants ou personnels, ou d’autres élèves. En se mettant à côté d’eux ou autour d’une table ronde (pas de préséance, tout le monde a la même place), et non en face, on envoie le messaqe qu’on n’est pas dans l’affrontement, dans le clivage, mais dans une volonté de partage. Le ton employé et les mots utilisés doivent bien entendu corroborer ce message.
Aider l’enfant à sortir de sa posture d’intimidation
Si les adultes sont trop dans l’émotion, en colère contre les élèves intimidateurs, ou bien au contraire dans la séduction (ce qui peut cacher une colère ou une difficulté à se positionner face à un abus), ces techniques peuvent être une simple manipulation. Ce n’est pas le but. Le but, c’est d’aider les élèves à sortir de ces « rôles » d’intimidateurs/trices.
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