La dissociation, nous pouvons la vivre à petite dose à n’importe quel moment. On se dissocie pour éviter de sentir ce qui se passe en nous : et ce qui se passe peut aller du désagréable à l’insupportable.
En réaction à une simple remarque qui nous déplaît d’un interlocuteur, la dissociation peut être légère. Face à un danger de mort, elle peut être au contraire massive. Cela varie selon l’intensité de l’émotion que nous cherchons à éviter, d’une part, et d’autre part selon notre capacité à nous dissocier, c’est-à-dire la capacité de notre organisme à produire suffisamment de produit anesthésiant.
Cet évitement n’est pas, la plupart du temps, conscient ; c’est un réflexe instinctif. J’évite de sentir une tension dans la gorge quand j’entends telle remarque agressive, ou de sentir ce nœud dans l’estomac quand je vois cette personne qui souffre, cette agitation dans mes jambes quand je m’ennuie. Dans ces exemples, il s’agit de sensations physiques, qui traduisent des émotions.
Mais parfois, je sens bien la tension dans ma gorge, mais j’évite de sentir la tristesse à laquelle elle correspond, provoquée par la remarque agressive ; je perçois ce nœud dans mon estomac, mais je ne le relie pas à mon impuissance face à la personne qui souffre, j’essaie de faire le « blackout » sur ce sentiment. Dans ces cas, les réactions physiques ne peuvent être évitées, et ce qu’on essaie de ne pas éprouver, ce sont les émotions qui leur correspondent.
Pourquoi évitons-nous de sentir ? Parce qu’on n’a pas le temps de réagir ou parce qu’on ne sait pas comment réagir, ou encore parce qu’on ne peut pas réagir : je ne peux pas sortir du train tant qu’il roule, par exemple, même si je m’y ennuie. Un enfant ne peut pas faire ses valises et quitter ses parents même s’il se sent rejeté par eux. Ce stress que je ressens en compagnie de mon interlocuteur, je ne sais pas comment y réagir, car je ne veux pas blesser l’autre personne et je ne me suis jamais trouvé dans cette situation.
Parfois, plus tard, quand on refait le point sur ce qui s’est passé, tout se remet en place : l’émotion se manifeste, elle est vue avec du recul dans le contexte de la situation, on l’exprime, elle circule dans le corps et ne mobilise plus de l’énergie pour être contenue. Notre corps, notre être retrouve un équilibre, prêt à accueillir la suite de la vie. Ce recentrage, c’est ce qu’on peut faire avec des interlocuteurs et/ou dans des moments où l’on est seul.e (par exemple grâce à la méditation ou par l’introspection).
Lorsqu’on n’a pas eu le temps ou la possibilité de clarifier certaines de ces situations, ces dissociations peuvent continuer à se manifester. Distraction (manque de concentration), manifestations psychosomatiques, douleurs, émotions disproportionnées, réactions déplacées, angoisses, anxiété, stress exagéré, nervosité… la liste est longue et cela peut aller loin dans la souffrance créée. On a alors besoin de reprendre les « piles d’assiettes sales », comme le dit une collègue, et de faire la vaisselle… seul.e, ou avec l’aide de quelqu’un (vive le travail d’équipe parfois).
Le but, c’est de retrouver l’unité de nous-même : de se « ré-associer », en quelque sorte, de manière que notre corps, notre cœur et notre esprit soient au diapason, unis dans la conscience de nous-mêmes.
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