La dépression peut être due à une colère inexprimée, cachée au fond de la personne.
Colère contre laquelle on lutte, soit parce qu’on n’est pas sûr(e) que cette colère est légitime, soit parce qu’il est dangereux de l’exprimer, soit encore parce qu’on aurait peur de peiner des personnes autour de soi – parfois de façon justifiée ; ou bien tout simplement parce qu’on ne se rend pas compte que l’on est en colère, tant on l’a réprimée dans l’oeuf, en amont de notre histoire.
Comme toute émotion contre laquelle on se bat, comme tout conflit, cela nous prend de l’énergie. Parfois, une énergie folle. Et nous nous en épuisons.
Ce qu’on appelle le « déni traumatique » (voir mon article sur le figement) peut tellement bien fonctionner que nous ne parvenons pas à ressentir cette colère au premier abord. Anesthésiés il y a longtemps pour survivre, nous sommes sous l’emprise du fonctionnement de notre système nerveux qui nous empêche d’accéder à la mémoire d’événements anciens. Notre cerveau reptilien n’est pas « à jour », et il ressent toute situation semblable, dans sa configuration, comme dangereuse.
Exemple d’une personne qui a fini par faire le lien entre ses réactions actuelles et des situations anciennes : « Pour moi, aujourd’hui, difficile de dormir à côté de mon mari. Je ne bouge pas, immobile, je ne sais pas ce que j’attends. Cela dure depuis des années. Je n’en peux plus, j’ai peur pour ma santé. J’ai pris des somnifères pendant un an, mais je n’aime pas ça, et mon sommeil n’est pas réparateur. Je n’ai plus d’énergie, plus de goût à la vie. » Au bout de quelques séances (elle dort désormais 5 ou 6 heures chaque nuit) : « Quand mes parents étaient ensemble, je ne pouvais jamais être tranquille. Je ne dormais pas. Ils pouvaient à tout instant se disputer. C’était souvent le soir. Je restais éveillée dans mon lit, je me couchais le plus tard possible ; je surveillais ce qui pouvait se passer. Il était question d’argent, souvent, parce qu’ils avaient honte de ne pas avoir le même standing que d’autres membres de la famille. J’essayais de ne pas respirer pour être sûre de pouvoir tout entendre, que rien n’allait se passer. Et cette histoire d’argent : j’ai souvent rêvé que j’avais une toute, toute petite maison avec toute ma famille dedans. Pas une grande maison où l’on stresse. »
Il est coupable et dangereux de ressentir de la colère
La culpabilité de ressentir de la colère, surtout contre ses parents, est énorme. Comment en vouloir à des personnes qui, à l’évidence pour la majorité d’entre eux, nous aiment ? Et que nous aimons tant, surtout à notre arrivée sur terre ?
Et comment être en colère si nous attendons de l’amour de leur part ? Ne risquons-nous pas de les perdre, alors ? Et ne nous reprochaient-ils pas de « faire la tête », d’être « dans une vilaine colère » quand nous étions enfants ? De « faire des caprices » ? De ne pas « supporter la frustration » ? Ces sentiments se bousculent et se freinent les uns les autres. Et nous pouvons en perdre nos forces, sans comprendre ce qui se passe.
L’adulte peut comprendre : mais l’enfant a besoin d’exprimer sa colère
Remettre de la cohérence dans son histoire libère l’énergie. Replacer ses émotions dans le contexte de l’enfance permet d’exprimer les colères dans les « bons canaux » : l’adulte peut certes comprendre, mais l’enfant a une colère légitime, qu’il a besoin d’exprimer en tant qu’enfant, même à l’âge adulte, en thérapie.
La colère est une énergie saine, si on ne s’y enferme pas et si on l’utilise de la bonne manière : c’est l’énergie de détermination, qui permet de rétablir ses frontières, comme le dirait Isabelle Filliozat (1), d’agir pour retrouver son intégrité, de négocier une autre situation. Il ne s’agit pas d’agresser l’autre, mais de prendre conscience, pour commencer, que quelque chose ne va pas, puis de faire valoir ses besoins, ses droits, de façon ferme.
Pour cette expression la parole peut suffire, mais on a souvent besoin de passer aussi par la vision, par les sensations corporelles, qui sont liées au cerveau reptilien (2) et qui permettent à celui-ci d’enregistrer que le passé est le passé. Et notre corps, par sa capacité d’autorégulation, peut alors « traiter » l’information.
La thérapie psycho-corporelle intègre ces aspects.
(1) Isabelle Filliozat, Que se passe-t-il en moi ?
(2) Peter Levine, Guérir par-delà les mots.
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