C’est quoi, une thérapie psychocorporelle ?
Dans ce type de thérapie on prend en compte non seulement nos pensées, mais aussi nos émotions ; or nos émotions se manifestent dans notre corps – par exemple avec les larmes, le rougissement, « la boule au ventre », la gorge qui se serre, le coeur qui s’accélère… mais cela peut aussi être quelque chose de moins habituel comme une raideur dans le dos, une tension dans les mains, un picotement dans le nez… chaque personne peut avoir ses sensations propres.
Il est très intéressant de porter notre attention sur ce que nous ressentons physiquement lorsque nous parlons de telle ou telle situation de notre vie. Nos sensations corporelles sont une boussole pour nous. Parce que si nous remarquons ce qui nous dérange grâce à notre corps, nous pouvons aussi remarquer ce qui nous soulage, nous relâche, dans le corps aussi. Si nous pensons avoir trouvé une solution à un problème mais que nous nous tendons physiquement en y pensant, c’est qu’il y a un problème : un conflit à l’intérieur de nous entre différentes valeurs que nous n’arrivons pas à accorder, par exemple.
Mémoire du corps et mémoire consciente
Notre corps enregistre bien plus d’informations, dans une situation donnée, que ce que notre conscience peut traiter instantanément – température du lieu où nous sommes, lumière, sons, couleurs, etc. Il peut livrer à nouveau ces informations quand, plus tard, nous reparlons de la situation en question. En faisant une pause, en prenant conscience de ce qui se passe dans notre corps, nous avons accès à d’autres informations que celles qui nous viennent immédiatement à la conscience. Nous pouvons alors enrichir notre processus thérapeutique.
Je me suis moi-même rendue compte, en effet, que ne faire que parler d’une même situation me faisait parfois tourner en rond. Je pouvais tourner et retourner la situation dans tous les sens, voir ce que je devais faire ou ne pas faire, rien ne changeait. J’étais consciente de plein d’aspects, j’avais fait des liens avec beaucoup de situations semblables dans le passé : je me retrouvais à répéter les mêmes attitudes, à revivre les mêmes choses.
En me connectant à mes sensations physiques, déjà, j’ai pu prendre conscience d’autres choses : de nouvelles pensées me venaient, j’observais la façon dont je réagissais là maintenant, en en parlant. Et grâce à diverses techniques thérapeutiques, dont je parle dans ce blog, j’ai pu peu à peu, en alliant la conscience de mes pensées, de mes émotions, et de mes sensations physiques, transformer quelque chose en moi, ce qui m’a permis de sortir de mécanismes répétitifs.
- C’est le corps qui perçoit (par tous nos sens) ce qui nous dérange ou nous plaît, et qui nous envoie des émotions pour nous le signaler : il y a le mot motion dans émotion, c’est à dire que c’est un mouvement.
- Le but de ces émotions est de nous permettre d’agir pour maintenir notre équilibre de vie : pour savourer et éventuellement garder ou retrouver ce qui est bon, et pour supprimer ce qui n’est pas bon, l’éloigner, s’en défaire, le repousser, le transformer, etc.
- Une émotion nous apporte donc des informations, que notre conscience capte – dans le meilleur des cas.
- Une fois que nous avons reçu ces informations, au mieux, nous agissons : l’émotion s’apaise alors… jusqu’à la prochaine… Je dis souvent à mes clients que l’émotion est comme un facteur qui nous apporte un paquet, une lettre : une fois que nous avons reçu le paquet, le facteur devrait pouvoir repartir (sauf rencontre intéressante :-)).
Il ne faut donc pas avoir d’émotions ?
Il est normal d’avoir des émotions, mais notre organisme souffre d’en éprouver trop souvent et de trop fortes. La médecine chinoise le dit : ni trop de tristesse, ni trop de colère, de peur, ni trop de joie. De fait, la plupart des gens souhaitent la même chose : de la Paix. Pas une paix étriquée, qui vivote, une absence de sensations et d’ouverture.
Mais une Paix qui ouvre les poumons, les perceptions, qui permet d’accueillir le grand mouvement de la vie, les hauts et les bas, qui permet de savourer avec sérénité tous les bons moments de ce que nous vivons, et qui permet aussi de se recueillir, de se fermer pour se ressourcer autrement. Une sérénité qui permet d’accueillir ses émotions sans être submergé par elles.
« J’ai peu d’émotions, en tous cas je ne sens rien dans le corps »
Nous ne repérons pas toujours que ces émotions sont en nous !
C’est ce qu’on appelle l' »anesthésie émotionnelle », ou, pour certains thérapeutes, la « coupure émotionnelle ».
Comment en sommes-vous arrivés là ? Parce que dans notre vie passée, lorsque nous n’avons pas pu changer la situation, car en état d’impuissance – c’est souvent le cas dans l’enfance, où nous avons moins de moyens qu’en tant qu’adulte – notre instinct a mis de côté, en quelque sorte, ces émotions, pour ne pas qu’elles nous empoisonnent – j’en reparlerai.
Lorsque ces émotions sont, pour ainsi dire, « stockées », elles se redéclenchent automatiquement dans les situations qui ressemblent à celles où nous les avons bloquées pour la première fois. Nous avons alors des réactions que nous ne comprenons pas, incontrôlables, inappropriées.
Parfois ces réactions incontrôlables sont d’ailleurs une absence de réaction. Nous sommes figés, incapables d’agir, de faire quoi que ce soit.
Quoiqu’il en soit, ces réactions, seules le corps peut les traiter ; avec l’aide de la conscience, bien entendu. C’est notre corps qui peut évacuer ou transformer les émotions.
En thérapie psycho-corporelle il ne s’agit pas de ne s’occuper que du corps, mais de notre être entier : la tête, le coeur et le corps, ou, si vous voulez, corps et esprit ensemble.
Il y a donc toujours un échange verbal dans les séances, avec des pauses de silence où nous portons notre conscience sur nos sensations physiques.
Avez-vous parfois remarqué, vous aussi, une dissociation entre vos sensations physiques et vos pensées ?
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