J’ai des souvenirs éblouis des stages de thérapie d’un de mes formateurs, Paul Rebillot, qui y déployait toute sa créativité et ses connaissances thérapeutiques. Rituels, beauté des décors, éveil des 5 sens, apports de différentes cultures, techniques psychothérapeutiques multiples, malle aux trésors d’outils thérapeutiques, et bien sûr sa pensée personnelle, sa combinaison à lui de toutes ses sources.
Paul insistait beaucoup sur l’importance de la créativité et de notre expression artistique. Quand nous n’étions pas contents de ce que nous avions créé, par exemple d’un dessin, il nous disait : “Ce que vous créez, c’est comme un bébé : vous devez en prendre soin ! Ne le méprisez pas, ne l’abandonnez pas !”. Bon, j’ai quand même jeté pas mal de choses que j’ai faites, mais l’idée d’avoir du respect pour ce que je faisais me plaisait.
Epidaure
Dans la Grèce antique, disait-il, on pouvait aller à Epidaure pour se soigner. Là, il y aurait eu, selon lui, deux temples : l’un où l’on entrait en contact avec notre souffrance, avec entre autres d’abord les rêves, puis la transe, pour les guérir.
Puis, dans l’autre temple, on exprimait cette souffrance par des moyens artistiques. L’idée, c’était selon lui de transformer en beauté ce qui avait fait souffrir.
Cela me fait penser à la Somatic Experiencing, psychothérapie de Peter Levine où il utilise notamment la pendulation – un va-et-vient où l’on alterne entre parler de ce qui nous fait souffrir et parler de ce qui nous donne du plaisir – en étant, toujours, attentif à ce qui se passe dans notre corps.
L’idée est de reprendre une tendance naturelle de l’être humain – et sans doute des êtres vivants en général – de créer spontanément des ressources, intérieures ou extérieures, pour se régénérer. Etre confronté à une souffrance en permanence crée trop de stress. Et souvent, spontanément, l’être humain cherche à y échapper pour se régénérer.
Le faire en conscience nous permet d’augmenter cette régénération. On y ajoute une dimension supplémentaire.
La créativité et l’expression artistique, remède au trou noir…
Dans des moments de stress intenses, il m’est déjà arrivé de voir, dans mes méditations, des images magnifiques. J’avais du mal à le comprendre, vu l’état dans lequel j’étais. Peter Levine explique que notre organisme est ainsi capable de produire un “contre-vortex”, qui permet de colmater la fuite d’énergie psychique produite par le stress, fuite qu’il image par un vortex, un trou noir qui aspire notre énergie à l’extérieur.
En d’autres termes, on peut dire que ces ressources, créées naturellement, nous permettent de créer des endorphines, qui contrent les hormones de stress, qui sont un poison si nous en sommes trop souvent envahis.
Alors quand nous vivons du stress … et même quand nous n’en vivons pas, donnons-nous du beau !
Comme les héros des contes de fées, équipons-nous pour traverser les turbulences et adoucir celles qui ne sont pas encore guéries en nous.
Certaines personnes développent leur créativité dans la cuisine, d’autres dans la pâtisserie, d’autres dans le bricolage, d’autres dans les relations sociales, amicales ou familiales : attentions, surprises, tact… la liste est infinie.
Et vous ? Où déployez-vous vos talents ?