Un manque d’amour de soi et (donc)
une difficulté à se séparer
Lorsqu’on se donne peu de valeur à soi-même, il est très difficile d’accepter que l’autre ne soit pas d’accord avec nous, même si cela ne met pas concrètement, physiquement, notre vie en danger. Il est insupportable de voir que l’autre se différencie, de quelque manière que ce soit. Car si nous pensons que nous ne valons pas grand chose, que vaut notre existence si elle n’est pas sans cesse confirmée par l’autre ? Et elle doit être confirmée par un aquiescement qui ne laisse pas la moindre distance. Car dans cette distance, l’abandon pourrait venir se loger.
Notre existence doit être constamment validée par l’adhésion totale de l’autre à ce que nous disons et souhaitons.
Dans un couple, pour deux personnes souffrant d’un manque d’amour de soi, il peut donc être très difficile de conjuguer des désirs différents, de négocier un éloignement, quel qu’il soit.
C’est alors que la violence peut surgir, proportionnelle au danger ressenti. Ce danger, c’est par exemple celui de perdre sa valeur si l’autre ne se comporte pas comme on l’attend. Plus la peur est grande, plus la violence se déploie.
Un autre aspect est évidemment que la violence est autorisée, acceptée. Plus elle est perçue comme inévitable, intégrée dans son histoire – on a par exemple vu ses parents vivre de la violence, ou bien on en a subi soi-même dans l’enfance – moins on hésite à l’utiliser. Elle peut même, dans certains environnements, être perçue comme légitime, évidente, normale.
Souvent, comme la violence n’apporte pas le résultat escompté, c’est à dire une réassurance, c’est l’escalade. Il en faut toujours plus. C’est un puits sans fond. Ce que l’on décharge éventuellement n’étant pas déchargé dans la situation adéquate – en réalité, ce sont les situations de l’enfance et de nos impuissances qui mériteraient une telle décharge, et une réparation – la frustration persiste et revient après un éventuel soulagement.
Violence : ni contre soi, ni contre l’autre
Il faut donc d’abord intégrer que la violence est inacceptable, contre soi comme contre les autres. Qu’il y a une frontière infranchissable, et qu’aucun modèle, aucune justification ne doit soutenir cela.
Et si c’est intolérable, émotionnellement, si vous sentez que vous êtes empoisonné par le stress (le cortisol et l’adrénaline sont des poisons en haute dose et sur la durée), faites-vous vite aider pour retrouver le sentiment de votre valeur. La valeur la plus profonde : celle qui n’est liée à rien d’autre qu’au fait d’exister.
Exister, au sens où on n’a pas besoin de prouver quoi que ce soit. Une valeur qui n’est pas liée à un statut, une activité.
Qui suis-je si je n’ai pas ma super-technologie, ma voiture dernier cri, mes souliers neufs, mon vin de connaisseur, mes goûts reconnus « bons », mes origines, mes compétences, mon expérience, mes muscles, ma séduction, mon réseau, mes qualités, mes amis – oui oui, même sans mes amis, même sans qualités … : ai-je de la valeur ? Si vous pensez que vous n’avez pas de valeur, ou pas assez, en vous imaginant dépouillé comme l’enfant qui vient de naître, par vous-même et sans penser à la valeur de vos parents, je pense qu’il y a un hic.
Les violences silencieuses
La violence peut aussi être silencieuse. Le « mur d’hostilité » dont parle Isabelle Filliozat est destructeur. Dans ce cas, un partenaire du couple – parfois les deux – sont froids, distants, hostiles. Je ne parle pas de la protection que certaines personnes tentent de se donner face à de la violence physique, où elles essaient de se faire aussi transparentes que possible. Je veux parler de l’hostilité affichée, qui peut être méprisante et/ou rageuse, ouvertement ou plus discrètement indifférente.
Guérir, c’est possible, y compris pour les personnes autrices de violence
Courez retrouver l’enfant que vous avez été pour la ou le rencontrer, elle ou lui, dans sa vulnérabilité, dans sa sensibilité la plus simple. Pour lui redonner affection, reconnaissance, protection et respect. Lorsqu’on a subi, ou que l’on a fait subir de la violence, il est possible de guérir. D’apprendre à se protéger, d’apprendre à se séparer sans perdre son intégrité – pour les personnes violentes comme pour celles qui sont sous emprise.
Je recommande surtout la thérapie psycho-corporelle dans ce cas, parce que les comportements violents ou d’impuissance face à la violence sont bien souvent provoqués par des expériences passées où le système nerveux a provoqué des « dissociations » difficiles à résoudre par la seule parole. C’est notre cerveau instinctif qui est à l’oeuvre, et qu’il faut aider à retrouver la pleine perception de la situation actuelle. Et Bessel van der Kolk a montré, dans les années 1990, que l’aire du langage et celle de l’émotion ne peuvent fonctionner en même temps en cas de traumatisme non guéri. Il faut donc passer par des méthodes psycho-corporelles, qui font appel à tous nos niveaux de perception.
Parmi les thérapies psycho-corporelles, on compte l’EMDR, la Somatic Experiencing, l’EFT (avec une attention au corps), l’Intégration Posturale Psychothérapeutique, la Gestalt-thérapie (avec une attention au corps, car certains gestaltistes sont beaucoup plus attentifs aux pensées et se préoccupent moins du corps), la Psychologie biodynamique, la thérapie reichienne.
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