Les émotions nous permettent de guider notre comportement. Une émotion désagréable nous conduit à modifier une situation qui ne nous convient pas. Une émotion agréable nous amène, au contraire, à rechercher à nouveau la situation qui la produit.
Mais parfois nous mettons le couvercle sur nos émotions, et cela nous épuise. Nous enfermons nos émotions pour des raisons qui varient :
- le stress, l’angoisse est tellement forte que nous en bloquons le déclenchement même (par la production de kétamine et de morphine par notre propre corps, drogues qui coupent le circuit de production des hormones de stress).
- pour ne pas nous laisser submerger par le stress, nous évitons de le percevoir.
- parce que quand nous sommes sous le choc, notre cerveau ne parvient pas à penser ni à parler (voir les expériences de Van der Kolk et Scott Rauch, ci-dessous(1)). Nous pouvons à la rigueur concevoir ce qui nous arrive, ressentir les choses, mais dans notre cerveau les zones qui permettent de penser et/ou de parler diminuent leur activité.
- parce que nos émotions n’ont pas droit de cité dans notre environnement : par exemple, quand nous sommes enfants, nous pouvons sentir que nos parents n’accepteraient pas de nous écouter, ou nous comprenons, par leur attitude, par leurs remarques vis-à-vis d’autres situations, qu’ils ne pourraient pas nous entendre sans stress. Ou bien un adulte, à l’école ou dans un autre contexte, nous rabroue par exemple si nous pleurons (« t’es pas une fille ! ») ou si nous nous mettons en colère (‘oh, cette vilaine colère sur le visage d’une petite fille ! »). Et nous en venons à penser que nos parents réagiraient de la même manière. Ou vice-versa. Ou bien encore, d’autres enfants ou adolescents de nos âges, ayant reçu ce genre de messages chez eux, sont prêts à se moquer et à humilier celui qui montre sa sensibilité. Il peut y avoir des dizaines de raisons différentes au fait que nous cherchions à arrêter nos émotions.
Combien de patients nous disent, en thérapie : « je n’avais personne à qui parler »? Et certains : « J’ai essayé, mais on ne me prenait pas au sérieux. On me disait que j’exagérais. De guerre lasse, j’ai laissé tomber. Et je me suis enfermé(e). » Y compris, d’ailleurs, les personnes en position d’abus, qui exerçaient de la violence psychologique ou physique.
Ainsi nous luttons contre l’expression de ces émotions, dont nous ne savons que faire. Et cette lutte interne nous prend de l’énergie.
De l’évitement à la dépression
Or, on a beau lutter, et de surcroît, dans certains cas, sans pouvoir résoudre le problème qui a provoqué cette émotion, une émotion demande à se manifester, encore et toujours, tant qu’on ne l’a pas entendue, accueillie, « traitée ». Comme le sparadrap du capitaine Haddock, cette émotion ne nous lâche pas dès qu’une situation semblable à la situation qui l’a provoquée réapparaît. Et lutter contre elle devient épuisant.
Si la situation a cessé, on peut vivre longtemps sans rencontrer de problème – en apparence : on évite tout ce qui peut nous remettre dans cette situation, tout ce qui y ressemble de près ou de loin. Quitte, dans certains cas, à réduire notre périmètre d’action et de vie de manière drastique ; et pour certaines personnes, selon l’histoire qu’elles ont connue, selon leur résistance physique ou nerveuse, cela devient intenable. D’autres parviennent à repérer les terrains minés et se tiennent à distance ; mais au moindre pas de côté, cela peut exploser.
Lorsqu’une lutte interne dure longtemps, elle peut aboutir à une dépression. On ne parvient plus à lutter, le corps s’épuise, et l’incompréhension nous jette ou nous cantonne dans l’inaction.
Comment faire si cette fatigue est émotionnelle ?
Déjà, il est nécessaire de vérifier, en allant consulter des médecins, ce qui se passe physiologiquement. S’il n’y a pas d’autres causes.
Ensuite, même si vous avez des problèmes physiques d’ordre médical, vous pouvez également essayer de la soulager car l’EFT produit un relâchement profond du corps, et peut donc vous aider à réduire la fatigue générale.
Commencez par repérer où cette fatigue se situe, comment elle se manifeste, et depuis quand.
- Sentez dans le corps où elle se loge. Les émotions sont aussi physiques, elles ne sont pas que des pensées éthérées qui n’ont pas d’existence corporelle (d’ailleurs, j’y reviendrai, même les pensées ont une existence matérielle).
Y a-t-il des tensions ? Il n’y a plus d’énergie ? La sensation que « ça ne circule pas » ? (les possibilités sont infinies).
Et quand je parle du corps, je parle aussi de la tête : elle est aussi composée de cellules, de chair et d’os ! Si vous vous dites « c’est dans la tête » : essayez de localiser : en haut de la tête ? sur les côtés ? devant ? etc. - Depuis quand ressentez-vous cette fatigue ? Laissez-vous refaire le film, si possible. Si vous dites « depuis toujours », précisez : depuis quel âge ? Intuitivement, diriez-vous même à votre naissance ? Ou même dans le ventre de votre mère ? Les foetus sont en contact étroit avec le stress de leur mère, évidemment, et c’est aussi une possibilité. Sinon, plus près de votre présent, essayez de repérer : cela a été progressif ? Après une situation vécue ? Une période ?
La repérer, l’observer, l’accueillir
Vous pouvez ensuite prendre de la distance avec la fatigue. Non pas pour la nier, mais pour l’accueillir, au contraire, l’observer, et vous en occuper.
Pour ne pas vous laisser emporter par elle,
- évaluez son intensité sur une échelle de 0 à 10.
- s’il y avait une couleur qui lui correspondrait, qu’est-ce que ce serait ?
- une forme pour la représenter ?
- pouvez-vous lui associer une texture ?
Ces questions ne sont pas destinées à une interprétation (même si vous êtes libre de le faire, bien sûr). Cela peut vous servir simplement à cerner un peu plus la fatigue en lui donnant une forme.
Vous pouvez également :
- la dessiner
- écrire un poème pour la décrire
- écrire un texte pour la décrire
- la partager avec quelqu’un, qui vous comprendra, qui ne vous jugera pas. Qui vous posera des questions pour décrire encore cette fatigue, afin de mieux la ressentir – mais sans s’y ensevelir.
Toutes ces questions peuvent déjà vous aider à vous apaiser, et à mieux observer ce qui se passe en vous.
Utiliser l’EFT : « même si j’ai cette fatigue… »
Ensuite, vous pouvez faire … de l’EFT, vous avez deviné que j’allais vous le dire.
Ou bien ce que j’appelle de la conscience corporelle (voir mon article à ce sujet). Le mouvement régénérateur peut également vous aider, et toute autre technique psycho-corporelle.
Le but, c’est toujours de reconnecter en vous vos « trois cerveaux » : reptilien – qui prend en charge la réponse instinctive de survie en cas de situation dangereuse, émotionnel, et le cortex et néocortex.
En EFT, vous pouvez tapoter les points d’acupuncture en décrivant :
– les sensations corporelles (même si je sens ceci ou cela dans le corps…),
et, éventuellement (ce n’est pas indispensable) :
– en revoyant la période à laquelle vous pensez que cela a commencé,
– les hypothèses que vous faites sur cette fatigue (je pense que c’est peut-être dû à…) ;
– en énonçant aussi les émotions dont vous pensez qu’elles sont bloquées.
Pour des fatigues qui durent depuis longtemps
Il est particulièrement utile, dans ces cas-là, de prendre un moment pour faire de l’EFT pendant plusieurs jours pour laisser à votre organisme le temps de faire « circuler les informations » entre les différents centres.
Vous pouvez prendre par exemple 15 à 20 mn par jour pendant une semaine, et voir comment les choses évoluent.
Souvent, au fur et à mesure, de nouvelles idées, souvenirs, prises de conscience apparaissent, et pas forcément pendant la séance, mais par exemple dans les rêves ou pendant la journée. Et vous permettent de faire évoluer vos séances.
(1) Bessel van der Kolk, The body keeps the score, 1994
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ginette chabot
Quand j’étais petite il fallait que je fasse semblant que tout me faisait rien sinon ma mère m’humiliait devant la visite elle aimait qu’on se fâche. À l’école je bloquait mes émotions pour ne pas rougir ça me faisait transpirer. Aujourd’hui j’ai toujours des tremblements et je suis toujours fatiguée et si quelqu’un me dit quelque chose de pas correct ça me prend du temps à le réaliser.
ginette chabot