Cinq peurs d’être rejeté.e
J’ai lu que certains bouddhistes distinguaient 5 peurs principales chez l’être humain : la peur de mourir, d’être malade, d’être fou, de prendre la parole en public ou de perdre sa réputation. Qu’ont ces peurs en commun ? C’est chaque fois une peur d’être rejeté.e d’un groupe, en tous cas de perdre le lien avec les personnes de ce groupe.
– La peur de mourir correspond à celle d’être rejeté.e du
groupe des vivants ;
– la peur de la maladie, à celle d’être exclu.e du groupe des bien-portants ;
– celle de devenir folle ou fou correspond à la crainte de ne plus appartenir au
monde des personnes sensées, d’être hors d’un sens partagé, de ne plus être
compris.e ;
– la peur de prendre la parole en public : c’est la peur d’être rejeté.e
de l’écoute des autres, de leurs échanges ;
– enfin, la peur de perdre sa réputation : celle de ne plus être « bien
vu.e », de n’être plus inclus.e dans le regard bienveillant des autres.
Toutes ces craintes sont liées les unes aux autres. Malade ou fou, on peut avoir peur de mourir. Ayant peur de parler en public, on peut craindre aussi d’y perdre sa réputation. Et comment parler en public si l’on a l’impression d’être « mal vu » ? etc. Ce désir d’inclusion concerne sans doute, pour beaucoup d’entre nous, bien d’autres groupes : voisins, amis, collègues ; cela peut être « ceux qui travaillent » pour les personnes sans emploi, ou « ceux qui n’ont pas le même âge que nous », « ceux qui n’ont pas le même genre que nous », « ceux qui ne partagent pas les mêmes opinions », « ceux qui ne viennent pas de la même ville que nous », etc.
Vous reconnaissez cette peur en vous ? Alors, sachez que vous n’êtes pas le seul, pas la seule. Ca peut relativiser légèrement les choses. Quand vous prenez la parole, dites-vous que beaucoup d’autres personnes sont dans votre cas. Si vous avez peur d’être malade, peur de mourir, de devenir fou ou folle, pensez que les autres aussi, et que si certaines personnes vous fuient, c’est parce qu’elles ont peur de ne pas pouvoir vous aider pour votre peur à vous. Finalement, c’est paradoxal : on peut être (un peu) rassuré par le fait qu’on appartient au moins à un même groupe : celui des personnes qui ont peur.