Traumatisme : se figer pour survivre

Bouge pas, survis… et … 

« Bouge pas, meurs et ressuscite » : vous souvenez-vous de ce film russe (excellent à mon goût) ? Le titre reprenait le nom d’un jeu d’enfants connu en Russie (à mon avis les jeux vidéos l’ont détrôné aujourd’hui).

Le traumatisme dans la conception de Peter Levine donnerait plutôt ceci : « Bouge pas, ne fais rien et survis … ». Et la suite dépend de la façon dont la personne négocie la sortie de son immobilité.

Dans la conception de Peter Levine, biologiste et psychologue, le traumatisme est défini comme une situation d’impuissance face à un danger. Nous ne pouvons ni fuir, ni agir : nous nous figeons, impuissants. Si nous ne pouvons pas « défiger », le traumatisme s’enkyste en nous : il explose plus tard, lentement ou brusquement, dans les situations qui ressemblent, par un aspect ou un autre, à la situation ou aux situations initiales vécues dans l’impuissance.

 

Le traumatisme n’est pas forcément spectaculaire

Les traumatismes vus sous l’angle de l’impuissance vécue ne sont pas seulement ce que l’on vit dans les situations spectaculaires comme les tsunamis, les guerres, des violences visibles : ce sont aussi les choses invisibles, inaudibles, comme les traumatismes de l’attachement par exemple, ou des ambiances, des climats, mais aussi toutes les répétitions négatives, des marches que l’on rate sur l’escalier de la vie et qui, en s’enchaînant trop souvent, font boule de neige.

L’approche de l’EFT (Emotional Freedom Technique) 

Mon travail avec les clients/patients a peu à peu changé au fur et à mesure de la compréhension que j’ai acquise des processus physiologiques du traumatisme. L’EFT m’a énormément apporté pour la guérison des traumatismes. Je le pratique depuis 6 ans maintenant et j’en mesure l’efficacité, pour moi-même (oui, les psys ont ausi des problèmes à résoudre !) et pour mes patients.

J’utilise la Gestalt thérapie, l’intégration posturale, la stimulation bilatérale, je me suis formée à l’EFT puis à Matrix Reimprinting et j’ai commencé à me former à la Somatic Experiencing.

Mais l’outil que je trouve le plus puissant reste, pour l’instant, l’EFT. Cette technique est comme un vélo en ville: un accélérateur modeste et génial. Modeste parce qu’il faut pédaler, être attentif, perspicace. Génial, parce qu’il est en même temps tellement simple, qu’il ne nécessite que du temps et nos mains (on tapote sur des points d’acupuncure sur soi), et qu’il peut nous emmener plus vite et plus loin. L’EFT n’a pas encore le « Stempel » de la légitimité que l’on reconnaît enfin à l’hypnose ou à l’EMDR, mais j’espère que cela viendra.

Comprendre comment le traumatisme s’installe est utile
pour se comprendre soi

Les clients, eux, peuvent s’autonomiser grâce à l’EFT s’ils le souhaitent, et ne pas attendre la séance suivante pour avancer. Ils peuvent prendre leur thérapie en main – c’est le cas de le dire.  J’organise des stages pour tous dans le but de proposer aussi aux clients de comprendre les mécanismes physiologiques d’entrée et de sortie du traumatisme. Je me suis rendue compte, en effet, que les clients vont beaucoup plus vite dans la compréhension d’eux-mêmes lorsqu’ils comprennent comment le traumatisme s’enclenche – et comment ils peuvent agir. De plus, l’EFT propose à tout un chacun de multiples façons de « s’organiser » pour progresser dans sa guérison.

Je propose aussi aux professionnels de la relation d’aide – psys, thérapeutes, soignants – d’acquérir cette technique. Il est très intéressant de voir comment les professionnels se l’approprient, en fonction de leur formation. Leurs acquis enrichissent cette approche.

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